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Mon nom est Corinne Pitet.
Je suis modèle d’art (modèle vivant).
Je suis à la tête de l’asbl CroquezNous.
Je suis membre de la Fédération des Arts Plastiques.
 
Voici le texte avec lequel je me suis présentée à la FAP, bonne lecture
 
D’où je viens.
J’ai commencé en 2005 d’avoir une activité de modèle vivant.
J’avais alors des contrats d’artiste en qualité de régisseuse, dans le milieu du cinéma. L’occasion s’est présentée à moi de poser pour des ateliers et j’ai demandé à l’ONEM si je pouvais conserver, en tant que modèle, le statut d’artiste qui était le mien en tant que régisseuse.
L’ONEM a accepté. J’ai donc exercé, de plus en plus systématiquement, une activité de modèle, en m’appuyant sur des contrats artistiques auprès de SMART.
En 2007, tentée par un statut d’indépendant, je crée, au sein d’une couveuse d’entreprises, le label CroquezMoi : il s’agit alors pour moi d’asseoir et de faire connaître mon activité de modèle vivant. Je pose ici et là dans différents ateliers, je me fais connaître. Des modèles me contactent, et je commence à fédérer certaines initiatives.
Mais la question, en fondant CroquezMoi, était de savoir s’il m’était possible de vivre de mon activité en tant qu’indépendante. S’il m’était possible de poser ici et là, de facturer mes prestations, et d’en tirer un revenu décent.
La réponse est claire : ça ne marche pas.
On me suggère alors de créer une asbl et j’en arrive à la création de CroquezNous.
 
D’où vient CroquezNous.
J’aboutis en 2013 au constat qu’il est impossible pour un modèle vivant de travailler avec un statut d’indépendant, pas plus qu’avec un statut d’indépendant complémentaire au chômage.
Il faut s’adosser à une asbl, et ce sera CroquezNous.
CroquezMoi existait pour développer ma propre activité de modèle.
CroquezNous a été créé pour élargir la cause : d’individuel, mon travail et ma revendication vont devenir collectifs.
CroquezNous est à la fois une association et une agence.
L’association fédère des modèles, crée ses propres ateliers, ses propres événements, publie un calendrier, développe sa légitimité.
L’agence, quant à elle, a pour mission de mettre des modèles à la disposition des artistes ou des groupes d’artistes qui le souhaitent. CroquezNous possède un agrément comme agence de placement. Je fais travailler une vingtaine de modèles par an, que je répartis auprès d’une vingtaine d’ateliers publics ou privés, de cours d’universités, d’académies, d’écoles d’art…
Outre les aspects administratifs (facturation, protection sociale des modèles, …), la constitution d’une agence est un pas décisif vers la professionnalisation de l’activité de modèle d’art, et ne comporte que des avantages, aussi bien pour les modèles que pour les artistes, les ateliers, les écoles d’art.
Le modèle échappe à la précarité, il voit son activité reconnue et valorisée, il peut planifier son travail et ne perd pas son temps à démarcher des écoles, des académies, des cours privés, puisque c’est l’agence qui effectue ce travail à sa place.
L’école, quant à elle, bénéficie du sérieux de l’agence : les modèles seront ponctuels aux séances de pose, ils possèdent des caractéristiques physiques différentes qui permettent de varier les approches artistiques et, au cas où un modèle se révèle soudain indisponible, une alternative est proposée sans délai.
CroquezNous ne fait pas de bénéfices mais, en tant que directrice, je me rémunère comme chômeuse, avec mon statut d’artiste ; avec des contrats SMART et des RPI, quand je pose moi-même ; et sur mon bénévolat au sein de l’asbl.
 
Quel est mon constat sur la situation du métier de modèle d’art ?
CroquezNous assure au modèle un engagement appuyé sur un contrat SMART, ou sur un RPI s’il dispose de la carte d’artiste, ainsi qu’un défraiement pour ses déplacements. Le modèle, en outre, bénéficie de toutes les facilités que propose l’agence, en termes d’agenda, de contacts avec les écoles d’art, et de planification des prestations.
Ailleurs, dans la plupart des cas, les modèles sont rémunérés en noir, ils sont sous-payés, leurs frais de déplacement ne sont pas pris en charge, aucun barème ni aucun statut n’encadre leurs prestations, leur précarité est absolue…
Il est clair à mes yeux, depuis des années, que les modèles, comme les écoles et les artistes, gagnent à ce qu’on aboutisse à un statut professionnel du modèle d’art.
Les avantages d’un statut du modèle sont nombreux, aussi bien pour les modèles que pour les ateliers qui recourent à leurs services : les prestations sont facturées, ce qui permet aux écoles d’art de produire une comptabilité ; les modèles peuvent cotiser pour leur pension et leurs prestations sociales ; les modèles entrent dans le circuit du travail, comme n’importe quel professionnel, et échappent à la précarité.
Ce qui était autrefois une activité marginale, artisanale, dépourvue de balises légales, doit devenir un métier reconnu administrativement, socialement, fiscalement, juridiquement.
 
Quel est l’enjeu juridique ?
Jusqu’en 2019, les modèles avaient accès à la carte d’artiste qui, pour sa part, permettait au modèle de recourir au RPI.
La Commission Artiste a cessé de délivrer des cartes d’artiste, excipant du fait que, aux yeux de ses membres, la prestation d’un modèle d’art n’est pas de nature artistique.
Au sein de CroquezNous, cinq modèles se sont vu refuser cette carte. Le préjudice est sévère, aussi bien sur le plan individuel (le modèle ne peut plus prétendre au RPI) que collectif (les danseurs, les comédiens, les mimes… qui possèdent la carte d’artiste, prendront la place des modèles, dans les académies, sans posséder l’expérience et la compétence très particulières du modèle vivant).
L’enjeu est que soit reconnu le caractère artistique de la prestation du modèle vivant.
Le tribunal de Bruxelles, que nous avons saisi, a statué en faveur de cette thèse mais la Commission Artiste s’est pourvue en appel.
Il est crucial pour nous que soit établi le caractère artistique de la prestation du modèle. Pour une question de principe, d’abord : si le modèle ne crée pas lui-même une œuvre, il est à la base du travail créatif des artistes et, sans sa prestation, l’œuvre n’est simplement pas réalisable. Pour une question administrative ensuite : si le tribunal du travail confirme son premier jugement, favorable aux modèles, les modèles d’art verront s’ouvrir la porte du statut d’artiste (qui permet la non-dégressivité des allocations de chômage).
 
Quel avenir peut-on imaginer pour la profession du modèle vivant ?
Les partis politiques étudient un nouveau statut pour les artistes.
Nous sommes demandeurs d’un statut qui encadre et protège les modèles, comme n’importe quel artiste, dans le parcours difficile qu’il a choisi de suivre.
Nous demandons au ministre compétent d’effectuer un état de la situation dans les écoles sur lesquelles s’étend sa compétence : qu’il vérifie lui-même à quel point la situation est interpellante. Entre les comptabilités occultes, les modèles sous-payés, en-dehors de toute légalité, le constat s’imposera d’une nécessaire réforme de la situation.
Sur un plan plus technique et pragmatique, je vise la création d’une plateforme web ou d’une application qui permettrait de mettre en relation des modèles avec des artistes, selon des modes clairs et transparents, avec contrat de travail à la clef.
L’avenir du modèle d’art ne peut s’envisager que dans un cadre professionnel et administratif clairement établi.
 
Je conclus.
Mon nom est Corinne Pitet.
Je suis modèle d’art, je suis à la tête de l’asbl CroquezNous, et je possède une expertise de longue date dans le domaine de la relation entre les modèles et les artistes, les écoles d’art, les académies, les ateliers publics ou privés.
Je souhaite ardemment représenter, au sein de la Fédération des Arts Plastiques, la famille des modèles d'art, afin de défendre leurs intérêts et d’aboutir à faire émerger un statut qui assurera leur protection et les conditions sereines de l’exercice de leur profession.
Septembre 2020
 
www.lafap.be
 

10 ans d'ateliers, de modèles et d'échanges ;-)

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